Montrognon

Sa silhouette veille sur Ceyrat, Romagnat, Beaumont et Clermont-Ferrand.
Le Montrognon (avec ou sans son “le” mais rarement appelé “Puy de”, localement) est bien connu du paysage au sud de Clermont et les restes de son donjon se distinguent de loin.
Partons à la découverte de ce lieu dont la gloire passée se devine encore et qui offre de jolis points de vue.

Nom et prononciation

Montrognon tire son nom du latin mon rugosus, qui signifie montagne rugueuse.
L’origine en serait le fait que ce sommet était couvert de pierriers.

La forme moderne se prononce MON ROGNON (deux mots, mont et rognon, qui ont finit pas n’en former qu’un, mais sans qu’on ne prononce le T, donc).
Il n’est pas question de trognon, ici, hein…

Un ancien volcan

Autrefois, un volcan se dressait ici.
Après avoir éjecté tout son magma, la cheminée s’est bouchée, avec une lave très dure.

L’érosion a fait son œuvre et le volcan a disparu : il n’a subsisté que la roche qui avait formé le bouchon de la cheminée (on appelle cela un neck).

Ce n’est que bien plus tard que les hommes sont venus occuper les lieux, jusqu’à y construire un jour un château fort.

Un ancien château

En 1190, Robert 1er, Dauphin d’Auvergne entrepri d’édifier le château de Montrognon.
Suite à une lutte terrible, qui vit le Pape et les rois d’Angleterre et de France être impliqués, son père avait perdu le château de Clermont et Robert décida donc d’en construire un nouveau, tout prêt de la ville et au cœur de son nouveau territoire.

Le lieu appartenait au Seigneur de Montrognon.
Robert 1er lui échangea le terrain et les droits sur celui-ci contre son château situé à Opme, non loin.
Il rachète également les maisons de petit village qui se trouvait là.

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Dans le même temps, il construisait son château de Pontgibaud, encore bien visible de nos jours et présentant lui aussi un donjon circulaire.

Un ouvrage d’Ambroise Tardieu, en 1883, présente le château et son histoire.

En 4 siècles, le château ne sera jamais pris par aucun ennemi.
Passé de main en main (y compris celles de Catherine de Medicis et la Reine Margot), il sera finalement démantelé en 1633, sur ordre de Richelieu et de Louis XIII qui entendaient ainsi lutter contre la trop grande puissance des nobles du Royaume, face à la puissance royale.

En 1828, un des tours encore debout s’est effondrée.

En 1840, c’est le vent qui fit s’effondrer une muraille et une portion de tour.
Comme souvent en pareil cas, les habitants récupérèrent des pierres, utilisant la ruine comme une carrière pour bâtir leurs propres maisons.

En 1884, l’affaire des “ensevelis de Mont-Rognon” défraya la presse locale (voir plus loin).

De nos jours, il ne reste qu’une partie des murs du donjon, qui mesure 17 mètres.
Il comptait autrefois 3 étages voûtés, ainsi qu’une guette à son sommet (une sorte de petit clocher permettant à un guetteur de surveiller les environs).

Un renouveau… éphémère ?

En 1999, les mairies de Ceyrat et Romagnat ont entrepris des travaux de consolidation de la tour et de mise en valeur, via la coupe d’arbres qui bloquaient la vue ou empêchaient de voir le donjon de loin.

En parallèle, un éclairage nocturne a été installé… Mais aujourd’hui, celui-ci n’est plus fonctionnel.
Si d’un côté on peut s’en réjouir, pour le bien de la faune locale (insectes et oiseaux sont gênés par ces éclairages), il est bien triste de voir que les installations sont aujourd’hui détruites et vandalisées, et qu’aucun nettoyage n’a été effectué (les lampes ont sans doutes été cassées et auront pollué le sol).

Plus récemment, en 2016, une association a commencé à entretenir et créer des chemins pour la randonnée, à Ceyrat : CeyRando.
L’accès au donjon de Montrognon bénéficie donc d’un balisage… en partie !

Lors de mon passage, le balisage était peu clair (positionnement non adapté) et visiblement incomplet, le rendant de fait non fiable.
C’est dommage, et il faut espérer que des corrections seront apportées (et que les usagers se montreront respectueux).
J’espère également que le balisage futur se fera dans le respect des arbres (et donc ne sera pas cloué ou vissé dans leurs troncs).

Des souterrains mystérieux…

Localement, il se dit parfois qu’un souterrain relierai l’ancien château à la cathédrale de Clermont.
Plus fréquemment (et au moins depuis le XIXème siècle), on parle d’un souterrain qui rejoindrait le château d’Opme.

Alors, soyons clairs : il est assez peu probable que ces souterrains existent !
Plus de 5 Km pour rallier la cathédrale, presque 3 pour relier le château d’Opme, c’est quand même énorme pour l’époque.

Même si l’un de ces passages avait était construit plusieurs siècles après le château, il aurait était difficile de creuser assez bas pour rester sous la surface de la pente du Montrognon et les siècles de constructions qui ont suivi auraient vraisemblablement dévoilé (et détruit) les passages, en particulier entre Beaumont et Clermont.

Un ancien trésor ?

Rumeur plus tenace que celles sur les souterrains : celle d’un trésors qui aurait été caché par les templiers de Chanonat, sous le donjon du château de Montrognon.

La quête de ce trésor a conduit à un drame, le 23 avril 1884.
Auguste Vignon et Joseph Gony (surnommé Naca) sont ensevelis par un éboulement provoqué par le puits de 10 à 12 mètres qu’ils creusaient depuis 3 ans au pied de la tour, dans le but de trouver le trésor.
Le premier en est mort et le second a du attendre 7 jours et 17 heures avant d’être enfin libéré (et de devenir une gloire locale).

Le journal local (Le Moniteur du Puy-de-Dôme) a relaté en temps réel le sauvetage de Naca.
Le style de l’époque est marqué par les détails morbides et la misogynie.
On notera aussi que les informations annoncées à toute vitesse sont souvent contredites le lendemain : le journalisme moderne et l’info en continue n’ont rien inventé !

Les articles du Moniteur :

Vous pouvez lire ce journal ici : Le Moniteur sur le site des bibliothèques de Clermont Métropole.
Le texte en version plus simple à lire est disponible sur ce PDF, issu du site de la ville de Ceyrat : Les ensevelis de Montrognon.

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Quelques photos

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Le panorama depuis Montrognon :

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Allez y voir