
Le Puy de la Poix
Site unique en Europe, le Puy de la Poix était autrefois un très fréquenté par les touristes et curieux.
Sa particularité, c’est d’être une source de bitume, qui sort ici de terre pour former une flaque sombre à l’odeur caractéristique.
Découvrez avec moi ce très vieux volcan totalement érodé qui borde l’aéroport d’Aulnat, à Clermont-Ferrand.
Un volcan quasiment disparu
Le Puy de la Poix est en fait un ancien volcan.
Celui-ci est tellement ancien qu’il a subit une érosion quasiment totale : il ne culmine plus que de 7 mètres environ au-dessus de la plaine de Limagne.
C’est d’ailleurs la Limagne qui est à l’origine de ce bitume qui ressort ici : autrefois un immense lac recouvrait la plaine, et la vie y était riche.
Lorsque les sédiments ont comblé le lac, la matière organique s’est dégradée et a lentement constitué du bitume (phénomène identique à celui qui forme le pétrole).
On parle ici d’un processus vieux de plusieurs millions d’années.
Bien plus tard, le volcanisme a fiat son apparition dans la région.
Il en est resté des fractures dans la roches, par lesquelles le bitume remonte ici (comme en bien d’autres endroits de la Limagne). Le bitume étant moins dense que la roche et que l’eau, il remonte naturellement.
Une source rare et utile
Avec le temps, les hommes ont utilisé le bitume qui affleure ici.
Ho ! Pas de façon énorme : un peu pour étanchéifier les bateaux au temps des romains, puis plus tard pour marquer les brebis et même pour égaliser le sol de la porcherie locale (voir plus loin).
Il faut dire qu’une estimation du XVIIIème siècle évoque une production d’environ 1L de bitume par jour, soit une centaine de Kg par an, à peine : pas de quoi installer un puits de pétrole et un pipeline !
Là où ce site est vraiment intéressant, c’est qu’il est quasiment unique en Europe (et en tout cas totalement exceptionnel en Auvergne).
Il est déjà cité en 1575 et de nombreux curieux sont venu admirer ce site exceptionnel au fil des siècles, jusqu’à ce qu’il tombe lentement dans l’oublie durant le XXème siècle.
On dit que même le roi Charles IX aurait demandé à y faire une visite, en XVIème siècle, lors de son passage à Clermont.
Le bitume qui sourd ici est en réalité mêlé à une de l’eau salée (les sources de ce type foisonnent dans la région !).
Du méthane bulle à la surface et s’échappe.
On observe également une mousse blanche en surface : il s’agit en fait de bactéries qui se développent là, en l’absence d’oxygène dans le bitume, elles oxydent les sulfates présents dans l’eau, entrainant une odeur d’œuf pourri, plus forte les jours chauds, quand le bitume se liquéfie un peu plus.
Dans ce ruisseau bien original, les feuilles mortes se décomposent lentement, et les animaux qui se font piéger seront probablement momifiés avec le temps, enfouis dans les profondeurs du sous-sol local.
Un menhir contre l’aviation alliée ?
Le site était connu et fréquenté au moins dès l’âge du bronze.
On y a trouvait des objets anciens.
Il y reste d’ailleurs un menhir taillé dans une roche provenant de Royat (à 10 Km de là).
Celui-ci est aujourd’hui couché. Il semblerait que cela soit l’œuvre de soldats allemands durant la seconde guerre mondiale, lorsqu’ils installèrent sur cette colline une batterie de canon anti-aérien destinés à protéger l’aéroport d’Aulnat.
À noter qu’on trouve un autre menhir à proximité immédiate du site : celui de Beaulieu situé de l’autre côté du Rond-point, en direction de Cournon.
Une fouille menée là montre que ces menhir sont en réalité enterrés sur la moitié de leur hauteur… Celui du Puy de la Poix serait donc cassé, probablement.
Une ancienne ferme qui explosa
Une petit sentier a été aménagé ici (à peine 300 mètres / 15mn).
Il permet de voir la source, de gravir la colline au niveau du menhir et de contourner les ruines d’une ancienne ferme.
L’histoire de celle-ci a été marqué par un drame dans les années 1960 : alors que le paysan utilisé du bitume pour égaliser le sol de sa porcherie, une explosion se produisit, réduisant la ferme à l’état de ruine.
Elle ne fut jamais rebâtie, mais simplement abandonnée.
Comment aller y voir ?
L’accès est facile, en périphérie de Clermont-Ferrand, rue Élisée Reclus.
Il est possible d’arriver par le nœud A71 / A75 / A89, tout prêt du Brézet et de l’aéroport.
Une fois sur place, il est facile de se garer, et la source du Puy de la Poix se trouve à quelques mètres seulement : il suffit d’emprunter le chemin (souvent boueux).
Cet article a été rédigé en partie grâce aux informations trouvées sur le site Planet Terre de l’École Normale Supérieure de Lyon (article de 2008).