Acte XV des gilets jaunes : Clermont est-elle prête ?
Depuis une semaine, préfecture et mairie conjuguent leurs efforts pour sécuriser le centre-ville de Clermont alors qu’un rassemblement d’ampleur nationale des gilets jaunes est annoncé en ville ce samedi 23 février.
J’ai fais un tour en ville, moins de 24H avant le début de la manifestation.
Voyons si la ville est vraiment prête !
300 000 € investis par la ville
Olivier Bianchi, le maire de Clermont-Ferrand a largement communiqué sur l’engagement des employés municipaux (et de Clermont Métropole) pour sécuriser l’espace public.
Il estime à 50 personnes à temps plein le dispositif mis en place, pour un coup de 300 000 €.
À cela, il faut ajouter le dispositif mis en place par la préfecture pour garantir l’ordre : contrôles nombreux sur les axes amenant à Clermont, dès le vendredi, et forces de police très renforcées en ville le jour-dit.
N’oublions pas non plus les investissements de certains commerçants (voir plus loin) pour sécuriser leurs biens.
Bâtiments et espaces publics protégés (?)
Aucune manifestation n’ayant été déclarée, c’est en se basant sur les réseaux sociaux que le dispositif a été conçu.
Un regroupement est annoncé à midi, place du 1er mai, avec l’ambition de rejoindre la place de Jaude, peut-être via la gare SNCF, ou l’axe Viaduc des Carmes > Delille > Gaillard > Jaude, assez classique.
La mairie a annoncé le retrait de beaucoup de mobilier urbain, ainsi que des grilles au pied des arbres.
Force est de constater que si un gros travail a été entrepris, il n’a pas été possible de tout “traiter” :
Place du 1er mai
Place du 1er mai, les barrières du parking ont été retirées, mais pas les horodateurs ou les poubelles…
Le journal La Montagne a mis en place des protections assez légères, là où rien n’a été prévu pour Polydome et la Coopérative de Mai (le concert prévu y a été annulé).
Plus loin, Michelin a choisi de protéger son patrimoine historique en fermant totalement l’Aventure Michelin et en retirant même l’immense pneu (le plus grand du monde !) qui se trouve habituellement sur son parvis.
Place de Jaude
Place de Jaude, les grilles des arbres ont été retirées, mais la mairie ne semble finalement pas avoir tellement sécurisé les lieux.
On trouve encore les poubelles par exemple et les très nombreuses grilles au sol sont toujours là, sans protection particulière (cela dit, il aurait été difficile de tout protéger).
L’exploitant du petit manège l’a démonté et quelques commerces se protègent, mais rien de très spectaculaire, au final.
Place de la Victoire
La place de la Victoire n’a pas non plus été particulièrement sécurisée.
Même si les bars ont annoncé, dans la presse, leur volonté de fermer, j’ai constaté que beaucoup de mobilier restait à évacuer, pour limiter vraiment les risques.
C’est surtout la maison du tourisme qui a été protégée, là aussi par de grands panneaux de bois.
La mairie
La mairie a fait le choix de se barricader, pour éviter toute intrusion.
Elle a également décidé de protéger ses fenêtres, essentiellement contre les jets de projectiles puisque des barreaux sont déjà présents.
On peut par contre s’étonner que les grilles mises en place soient facile à déboulonner pour d’éventuels émeutiers, risquant ainsi de devenir du matériel dangereux.
De plus, il n’a sans doute pas été possible de démonter l’ensemble de la protection du chantier en cours sur la fontaine d’Amboise, à quelques mètres de l’Hôtel de Ville.
Mais retirer les panneaux d’information en bois aurait été simple et pertinent…
La préfecture
Comme pour la mairie, les grilles de la préfecture ont été habillées de plaques de tôle, rendant ainsi leur accès impossible et limiter les risque de projectiles lancés dans la cours.
Et comme pour la mairie, les boulons ont été laissés largement accessibles aux manifestants… Il faut espérer que les forces de l’ordre sauront empêcher d’éventuels casseurs de s’approcher, au risque de voir les protection se retourner contre elles.
Étonnement, seule la résidence de la préfète a été sécurisée.
Aucune des vitres de la “nouvelle préfecture” (celle qui accueille le public) n’avait été protégée en fin d’après-midi !
Le conseil départemental
Le conseil départemental a fait lui aussi le choix de protéger ses larges vitrines.
Par contre, des travaux sont en cours le long du bâtiment.
Ceux rendaient accessibles, à d’éventuels casseurs, de nombreux pavés déjà désolidarisés, des plaques métalliques et même des bordure de trottoir desceller.
De grand moyens ont été mis en œuvre : des planches maintenues au sol par de lourd poids en béton sont censés rendre l’accès à tout cela impossible… ou au moins très compliqué.
Des banques plus ou moins inquiètes
Les banques ont clairement peur de voir leurs vitrines endommagées… Mais pas toutes !
Comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, certains réseaux ont fait le choix d’installer des palissades, alors que d’autres n’ont absolument rien prévu. Le contraste est saisissant quand des établissements voisins ont fait des choix différents.
La Poste a elle fait le choix de concentrer la protection sur l’accès à ses distributeurs automatiques.
Le cas du SMTC (T2C + C.vélo)
Si l’ensemble du service C.vélo est fermé pendant plusieurs jours, seuls les vélos ont concrètement été retirés pour les mettre à l’abri.
On se doute que retirer les stations d’accueil auraient été trop compliqué, principalement en raison de leur alimentation électrique.
Côté T2C, tous les bus et le tramway seront à l’arrêt ce samedi, même en-dehors du périmètre de la manifestation.
Les stations du tram ont été particulièrement protégées, sauf les vitres sans doute trop complexes ou chères à démonter.
Distributeurs et afficheurs ont été recouverts de plaques de tôle, tendis que les miroirs qui permettent aux conducteurs de surveiller le quai avant de redémarrer ont été tout simplement retirés.
De rares commerces protégés
Il y a en fait assez peu de commerces (hors banques) qui ont fait le choix de protéger leurs vitrines.
Soit parce-qu’ils ne se sentent pas en danger, soit parce-qu’ils estiment la sécurisation trop onéreuse.
Il est vrai que lorsqu’on aligne les images de vitrines protégées, comme le fait abondement la presse, cela donne une impression de ville fortifiée… Mais sur place, il n’en ai rien (difficile de rendre cela en photo, hélas).
Certains ont quand même beaucoup d’espoir :
Et les habitants ?
Je n’ai vu qu’une seule résidence privée qui avait été protégée par une palissade.
Par contre, l’appel des autorités à ne pas sortir les poubelles (qui ne seront pas collectées) était loin d’être respecté : j’en ai vu un peu partout dans le centre-ville, issues autant des commerçants (cartons en vrac) que des particuliers (containers à roulettes).
Une complication de plus pour les forces de l’ordre qui devront assurer la sécurité.
En conclusion
Si personne ne sait combien de manifestants viendront à Clermont ce samedi 23 février, la presse avance des estimations de 2 à 4 000 personnes.
La question principale est de savoir si les manifestants seront pacifiques, comme ils l’ont toujours été à Clermont depuis 3 mois, ou si des éléments perturbateurs profiteront de la foule pour venir causer des dégâts en ville, à l’image de ce qui arrive hélas trop souvent.
Un conseil, peut-être, pour les gilets jaunes pacifistes : quand des casseurs commencent à agir, il faut immédiatement s’éloigner d’eux, pour les isoler.
Cela limite ainsi leur capacité de nuisance (ils ont du mal à se cacher dans la foule) et facilite les opérations de police (en réduisant les risques pour les manifestants honnêtes).
Il ne faut pas oublier que la police a tendance à utiliser la force dès qu’elle perçoit des signes inquiétants, pour éviter de se faire déborder, ce qui est normal… Et que les bavures semblent malheureusement se répéter, dans un contexte de confusion, de consignes de fermeté de la part des autorités et d’exaspération chez des forces de l’ordre sur-exploitées depuis 2015.
Et pour égayer le parcours de chacun/e, manifestant comme policier, voici quelques jolies images à admirer en chemin :
Bougnat, tantôt râleur, tantôt content !