Accès au Puy Pariou : restrictions et aménagements

Accès au Puy Pariou : restrictions et aménagements

24 juillet 2022 4 Par SuperBougnat

Fin juin 2022, l’accès au cratère du Puy Pariou a été interdit. Pour autant, si on ne peut désormais plus descendre au cœur du volcan, il reste parfaitement possible de monter à son sommet et d’admirer le plus profond et le plus parfait des cratères de la chaîne des Puys.
Je vous propose de revenir ici sur les restrictions mises en places, leurs motivations et les aménagements qui permettent de maintenir un accès à ce site d’exception.

Tampon Ambassadeur Unesco

Je suis ambassadeur de la Chaîne des Puys / Faille de Limagne.
À ce titre, je suis attaché au respect du patrimoine commun que sont nos paysages auvergnats et je souhaite partager les bonnes pratiques avec mes lecteurs.

Les vélos et les groupes à pied sont interdits sur les chemins menant au Pariou.
La police de l’environnement et les gardes nature veillent au respect des règles sur le site.

Un site privé, depuis des siècles

Cela étonne souvent les visiteurs, mais le Puy Pariou est un site privé, comme une bonne partie des volcans environnants.
Au Moyen-Âge, la comtesse de Montferrand fit don de ce territoire aux habitants des hameaux dont elle avait la charge. D’autre terrains furent confisquer au nobles et religieux à la Révolution, puis revendus à des habitants.

Cette possession collective s’est poursuivie à travers les siècles, résistant aux vicissitudes de la Révolution française comme aux codes napoléoniens venus réglementer la propriété privée.
Ici, le terrain n’est pas délimité (pas de bornes cadastrales, pas de clôtures) et on ne peut même pas identifier les lots qui composent chaque parcelle. Les propriétaires sont réunis au sein du GIE Pariou (groupement d’intérêt économique des propriétaires du Pariou) pour assurer la gestion de leur bien. Cette société à été créé en 1900 et coopère activement avec les autorités locales depuis 2003 pour maintenir un accès qui ne nuise pas trop au volcan.

Le GIE Pariou fait partie d’une union d’associations de propriétaires, appelée Dômes Union, qui couvre aussi d’autres secteurs de la Chaîne des Puys.

S’il ne fait aucun doute qu’elle est très soucieuse de préserver le site et les intérêts légitimes des propriétaires, Dômes Union se montre (hélas, selon moi) très moralisatrice et “négative” dans sa communication : ici on préfère l’interdiction et les panneaux restrictifs au dialogue et à l’information.
Il faut bien reconnaître que les abus de trop nombreux visiteurs ne facilitent pas une relation apaisée avec les propriétaires, qui voient leurs terrains se dégrader dramatiquement.

En 2013, les propriétaires ont finalement décidé d’interdire l’accès de leurs terrains aux groupes.
La notion de “groupe” n’a jamais été clairement définie et l’affichage sur le terrain a toujours été minimal (ou inexistant) pour signaler cette interdiction.
Il est simplement fait référence à la randonnée “individuelle et familiale” (quid des familles nombreuses ou d’un couple qui serait accompagné d’un guide ?).
Les nouveaux panneaux installés en juin 2022 rappellent toutefois (discrètement !) cette règle, au niveau du parking des Goules.

Un site fragile et qui se dégrade vite

Même si l’attitude des propriétaires s’est souvent traduite par des interdictions et conflits (rejet des groupes, procès contre l’utilisation de photos du site, …), force est de constater que la fréquentation extrême du Puy Pariou dégrade le volcan de façon très nette.

Les autorités acceptent donc depuis quelques décennies de financer des travaux indispensables pour permettre un accès au public, sans nuire trop gravement à ces terrains privés (voir plus bas).

A celles et ceux qui en douteraient, voici quelques images des chemins creusés par la fréquentation humaine :

Un chemin qui se creuse sous les pas des marcheurs, près du Pariou

Le Pariou est un cône de scories.
Pour faire simple, on peut le comparer à un gros tas de sable, composé de particules de tailles différentes, qui sont à l’équilibre en formant des pentes assez inclinées.

Ces pentes sont cependant très exposées au vent et à la pluie, qui peuvent les dégrader rapidement.
Mais la nature est bien faite et peu après l’éruption, des graines ont colonisé le milieu, permettant à l’herbe et quelques arbustes de pousser (merci le vent et les oiseaux pour le transport des graines).
Assez vite, la dégradation des plantes a formé une couche d’humus puis de terre.

Cette couche est fine (environ 20 cm) mais elle suffit à maintenir le sol, préservant les scories du vent et de la pluie.
Mais dans le Pariou, le chemin permettant l’accès au fond du cratère formait une saignée profonde de plusieurs dizaines de centimètres. La pente au-dessus de cette tranchée n’avait plus de cohésion sur toute sa surface et risquait donc tôt ou tard d’être “emportée” dans un éboulement suite aux intempéries. Cela aurait entrainé une forte dégradation du site.

Des chemins supprimés

Afin de préserver les parties les plus fragiles du Pariou, de nombreux chemins ont été fermés depuis des années, en particulier ceux qui montaient tout droit dans la pente (il y en avait un bien connu sur le flanc ouest) ou celui qui permet de faire le tour complet du cratère, par le sommet du volcan.

Avec 80 000 visiteurs en 2015, puis 120 000 en 2021 et une tendance à l’augmentation (+ 10 à 13 % par an !) le site a besoin d’être fortement préservé si on ne veut pas le voir défiguré d’ici quelques années.
A l’instar du reste de la Chaîne des Puys ou du Massif du Sancy, de nombreux chemins ont donc été modifiés ou supprimés depuis 30 ans,

Un accès amélioré pour un site préservé

Depuis longtemps, un grand escalier de bois permet de monter (ou descendre) le flanc sud-est du Pariou tout en évitant le creusement du terrain.
Qualifié de “prothèse en bois […] visible depuis Clermont” par Dômes Union, celui-ci semble avoir été bien accepté par les promeneurs avec le temps. Il est même devenu une star des photos de centaines de milliers de touristes !

Comme il n’est pas possible de mettre en place un escalier sur tout le site, les sentiers se dégradaient fortement tout le long du parcours d’accès au Pariou.
Au-delà du creusement “naturel” lié au passage de centaines de pieds chaque jour, les incivilités aggravent alm situation (marche hors du sentier, passage en vélo, cueillette ou arrachage de branches, …).

Depuis longtemps, des sentiers fragiles (et inutiles) ont été fermés, entravé par des branches coupées sur place lors de l’entretien des lieux.
Le chemin principal a été lui de plus en plu souvent “balisé” par des barrières en bois qui canalisent les randonneurs et aident un peu au maintien du sol lors des fortes pluies.

Mais force est de constater que l’augmentation de fréquentation a amené toutes ces mesures à leurs limites.

De nouveaux travaux ont donc eu lieu au printemps 2022, financés par un fond européen (FEDER) à 60 % et par la région et le département (20% chacun), pour un coût total de plus de 530 000 €.

Si les barrières boisées se sont multipliées, pour toujours mieux guider le randonneur, c’est l’apparition de zones empierrées qui est le plus remarquable :

Le pied de l’escalier qui gravit le flanc sud-est du Pariou

On pourrait croire que ces pierres sont là depuis toujours, ou au moins très longtemps !
Issues du site, taillées sur place et enfoncées de plusieurs dizaines de centimètres, elle devrait limiter le ravinement par temps de pluie, dans les endroits les plus pentus et fragilisés par le piétinement.
Contrairement à l’escalier en bois, ces quelques marches ne rendent absolument pas l’effort plus intense pour gravir le sommet. Au contraire, elles facilitent la marche en limitant les ornières.

Le plus grand bouleversement, c’est bien entendu l’effacement du chemin qui permettait de descendre dans le cratère.
Solution indispensable pour garantir la stabilité des flancs du cratère, cette décision a été prise après de nombreuses années d’aménagement visant à préserver cet accès au cratère le plus profond de la chaîne des Puys.

Malgré la signalisation, la barrière et les filets, certains continuent de ne pas respecter le lieu et les consignes

L’ancien chemin a été décaissé (et les marches existantes retirées).
Un apport en terre volcanique a été fait, dans le fond de la tranchée, puis a été recouverte par une couche de pouzzolane.
Sur celle-ci, des mottes récupérées lors du décaissement ont été réimplantées et des graines d’essences locales ont été semées.
Un filet a été tendu sur ce terrain, maintenu par des cordes tendues à sa surface, pour limiter le ravinement le temps que la végétation s’installe solidement.
Enfin, des filets “entourent” l’ensemble pour éviter le piétinement par les brebis lorsqu’elles viennent paître au sommet du Puy Pariou.

Un balisage moins lisible

Alors que le cœur de la Chaîne des Puys comporte des chemins tantôt publics, tantôt privés et qui ne sont pas tous autorisés, sans parler des usages différents qui sont admis ou pas, selon les sections (voir mon article sur ce sujet), un balisage efficace est indispensable pour guider les visiteurs dans le respect des consignes (et du lieu).

De nouveaux panneaux améliorent l’information du visiteur sur le parking des Goules (là aussi, le sol qui devrait être fortement piétiné a été renforcé par un empierrement de qualité).

Cependant, assez vite, on constate une première anomalie : à l’approche du champs de tir, le chemin monte sur la droite, mais le balisage est installé dans le dos du randonneur :

On devine, sur le terrain, que les propriétaires et les aménageurs cherchent à privilégier un parcours bien précis (voir plus loin).
Le problème, c’est que du coup le balisage devient incompréhensible, voir inexistant pour quiconque déciderai de suivre un autre chemin (par exemple en se basant sur une carte et sans enfreindre la moindre interdiction signalée sur le terrain).

Exemple en suivant le chemin suivant :

À un premier carrefour, on tombe sur un panneau indicateur.
Celui-ci invite tout simplement à faire demi-tour pour rejoindre le parking des Goules, alors qu’un chemin plus court existe (en jaune), sans aucune indication d’une éventuelle interdiction (le parcours est alors allongé de 900 m, passant de 2,2 à 3,1 Km depuis cet endroit – le panneau indique 3,4 Km à tort) :

Si on s’entête et que l’on suit le chemin le plus court, en continuant tout droit, on arrive à un second carrefour ou plus aucune indication n’existe et où la réalité du terrain incite plus à suivre le grand chemin un peu à gauche qui mène au col des goules (à 900 m du parking) plutôt que le sentier herbeux sur la droite, qui mène au bon endroit :

Il me semble tout à fait légitime que les propriétaires souhaitent encadrer la fréquentation du site, pour respecter leurs activités (pastoralisme, sylviculture, chasse) et que les pouvoirs publics financent et gèrent les indispensables aménagements qui garantiront la pérennité de ce lieu magnifique, largement promu auprès des touristes qui apportent aussi un intérêt économique à la région.

Je trouve cependant bien triste que la grande qualité des aménagements réalisés en mai/juin 2022 côtoie une évidente lacune dans le balisage.
C’est d’autant plus vrai quand les aménagements entraînent des changements dans les cheminements, qui vont perturber les habitués comme ceux qui utilisent une carte ou une application pour les guider.

Je ne doute pas que certains manquent soient liés à des dégradations… Mais il est clair qu’il y a surtout un manque de cohérence dans ce qui a été mis en place.

Le parcours idéal pour monter au Pariou

Suite aux derniers aménagements, le chemin recommandé depuis maintenant plusieurs années est clairement renforcé et à privilégier pour aller admirer le cratère du Puy Pariou.

Voici le trajet recommandé :

• Depuis le parking du col des Goules, traverser la départementale.
• Suivre le chemin en face du passage piétons jusqu’à ce qu’il bifurque en montant sur la droite.
• Une fois face au stand de tir, monter à nouveau à droite et suivre le sentier jusqu’à passer sous la ligne à haute tension, dans une zone éclaircie.
• Tourner à gauche et monter sur le flanc nord du Pariou.
Ce chemin offre l’avantage de monter assez tranquillement, pratiquement tout le temps à l’ombre de la forêt et d’offrir un débouché “surprise” face au cratère, avec le Puy-de-Dôme en arrière-plan.

• Pour redescendre, emprunter les escaliers au sud-est du sommet.
• En bas, prendre à gauche et s’engager dans la forte (et large) pente.
• En bas, tourner à gauche et suivre ce sentier jusqu’au retour, en évitant tous les chemins sur la droite.
Ce chemin offre le plaisir d’admirer la vue depuis les escaliers, tout en évitant leur pénible ascension.

Profil de ce parcours :

Une autre explication ?

Devant la fermeture de l’accès au cratère, les réactions n’ont pas toujours été de se réjouir de la préservation de ce lieu unique, quitte à réduire un peu son accès, pour le bien de l’endroit et de tous.

Le journal La Montagne a par exemple relaté le commentaire d’une de ses lectrices persuadée que tout cela n’est qu’une manœuvre pour rendre l’accès payant d’ici quelques années (on se demande par quel chemin, par contre).

La vérité est peut-être toute autre, et vous pouvez la retrouver dans cet article de La Mentable !

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